Le Puits de Célas

**** Note de la page 36.

Le puits de Célas est un puits de mine désaffecté de 130 mètres de fond où furent précipités en 44 des résistants morts sous la torture au fort Vauban. Combien ? On ne le sait même pas vraiment. Deux mois après, à la libération, il fallut extraire les corps ou ce qu’il en restait et tous ne furent pas reconnus ; plus exactement comme disait Madame Rodier, une fille de résistants que j’ai interviewée «tous les morceaux n’étaient peut-être pas les bons». L’un d’entre eux était Gustave Nouvel, le fiancé de ma mère. Je ne l’ai su qu’il y a 5 ans, après sa mort, en trouvant au grenier des lettres que celui-ci lui avait adressées. Personne ne m’en avait jamais parlé. J’ai eu l’impression de retrouver mon père. Un père, ce n’est pas seulement celui qui a engendré mais c’est avant tout celui qui a désiré, fût-ce à titre de simple fantasme, un enfant, d’une femme déterminée. Gustau voulait un enfant de Pauline, une fille, et l’appeler Irène. C’est moi… Et ce n’est pas moi. Tous les ans, à la date anniversaire approximative de l’extraction des corps, il y a une cérémonie sur le monument du puits, majestueux.

Familles pathologiques

***** Note de la page 45 :

Une famille catholique très pratiquante, immigrés durs au travail, partis d'une grande pauvreté, quais analphabètes, et ultra pathologique. Sa sœur aînée, enceinte, fut aussitôt chassée de la masure familiale, accoucha d’une fille qui fut ensuite confiée à la DDAS  lorsqu’elle devint prostituée, et ne revint jamais plus au village. Marina, beaucoup plus jeune que l’aînée, ne prit jamais parti, dénonça ni parla ; au contraire, elle nia avec une vigueur convaincante et fit tout pour protéger ses parents accusés par la rumeur populaire (discrète) allant jusqu’à sacrifier sans états d’âme sa jeune nièce qu'elle rejeta comme toute sa famille lorsque celle-ci adolescente, voulu revoir les "siens". Agonisant la jeune fille, ne tarissant pas d’éloges presque puérils sur son père (exceptionnel, débrouillard, travailleur, honnête, doux, affectueux etc…) elle est un syndrome de Stockholm.